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Histoire philosophique
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qui donnent cette liqueur, avortent néceſſairement, & ne ſe développent plus, parce qu’ils ont perdu la matière qui devoit ſervir à la formation & à l’accroiſſement des fruits.

Indépendamment du cocotier, les Moluques avoient une eſpèce particulière de palmier, qu’on nomme fagou. Cet arbre, commun dans les forêts de ces iſles, diffère du précédent par ſes feuilles plus longues, par ſon tronc beaucoup moins élevé, par ſes fruits plus petits. Sa végétation eſt d’abord fort lente. Dans les commencemens, c’eſt un arbriſſeau garni d’épines, qui rendent ſon approche difficile. Mais dès que ſa tige eſt formée, elle s’élève en peu de tems à la hauteur de trente pieds ſur environ ſix de circonférence, & perd inſenſiblement ſes épines. Son écorce eſt épaiſſe d’un pouce. Tout l’intérieur eſt rempli d’une moelle qui ſe réduit en farine. L’arbre qui ſemble ne croître que pour les beſoins de l’homme, lui indique cette farine par une pouſſière fine & blanche, dont ſe couvre la feuille. C’eſt une marque certaine de la maturité du fagou. Les Indiens coupent alors cet arbre