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Histoire philosophique
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tems contre les mouvemens dont ſa nation étoit menacée aux Indes. Lorſqu’il fut délivré de cette inquiétude, il ne ſongea plus qu’à s’ouvrir la route de la Chine.

XIX. Arrivée des Portugais à la Chine. Idée générale de cet empire.

Le grand Albuquerque en avoit formé le deſſein. Il avoit rencontré à Malaca des vaiſſeaux & des négocians Chinois ; & il avoit pris la plus haute idée d’une nation, dont les derniers matelots avoient plus de politeſſe, d’attachement aux bienséances, de douceur & d’humanité, qu’il n’y en avoit alors en Europe dans la nobleſſe même. Il invita les Chinois à continuer leur commerce dans Malaca. Il apprit d’eux des détails ſur la puiſſance, la richeſſe, les mœurs de leur vaſte empire, & il fit part de ſes découvertes à la cour de Portugal.

On n’avoit aucune idée, en Europe, de la nation Chinoiſe. Le Vénitien Marc-Paul, qui avoit fait par terre le voyage de la Chine, en avoit donné une relation qui avoit paſſé pour fabuleuſe. Elle étoit conforme, cependant, à ce que manda depuis Albuquerque. On ajouta foi au témoignage de ce capitaine ; on crut ce qu’il diſoit du riche commerce qu’on pourroit faire dans cette contrée. Une