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Histoire philosophique
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écouté, il faut combattre. C’étoit l’avis de Caſtro. Les Portugais marchèrent aux retranchemens, & remportèrent une grande victoire. Après avoir délivré la citadelle, il falloit la réparer ; les fonds manquoient, & Caſtro les emprunta en ſon nom.

Il voulut, à ſon retour dans Goa, donner à ſon armée les honneurs du triomphe, à la manière des anciens. Il penſoit que ces honneurs ſerviroient à ranimer le génie belliqueux des Portugais, & que le faſte de cette cérémonie impoſeroit à l’imagination des peuples. Les portes, à ſon entrée, furent ornées d’arcs triomphaux ; les rues étoient tapiſſées ; les femmes, parées magnifiquement, étoient aux fenêtres, & jettoient des fleurs & des parfums ſur les vainqueurs. Le peuple danſoit au ſon des inſtrumens. On portoit l’étendard royal à la tête des troupes victorieuſes, qui marchoient en ordre. Le vice-roi, couronné de feuilles de palmier, étoit monté ſur un char ſuperbe ; les généraux ennemis ſuivoient ſon char, les ſoldats priſonniers marchoient après eux. Les drapeaux qu’on leur avoit enlevés, paroiſſoient renversés & traînans ſur la pouſſière : on