Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/34

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en attachant les nations au même joug, & non en les unifiant par le commerce, qu’ils ont augmenté la communication des hommes. Ils ravagèrent le monde ; & lorſqu’ils l’eurent ſoumis, le repos qu’ils lui donnèrent fut une léthargie. Leur deſpotiſme, leur gouvernement militaire opprimèrent les peuples, éteignirent le génie, & dégradèrent l’eſpèce humaine.

Tout fut dans un plus grand déſordre encore après deux loix de Conſtantin, que Monteſquieu n’a pas oſé mettre parmi les cauſes de la décadence de l’empire. La première, dictée par l’imprudence & le fanatisme, quoiqu’elle parût l’être par l’humanité, peut ſervir à nous faire voir qu’une grande innovation, eſt ſouvent un grand danger ; & que les droits primitifs de l’eſpèce humaine, ne peuvent pas être toujours les fondements de l’adminiſtration. Cette loi déclaroit libres tous les eſclaves qui ſe feroient chrétiens. Elle rétabliſſoit dans leurs droits, des hommes qui n’avoient eu juſqu’alors qu’une exiſtence forcée ; mais elle ébranla l’état, en ôtant aux grands propriétaires les bras qui faiſoient valoir leurs domaines, & qui, par-là, ſe trouvèrent réduits pour quel-