On trouve à Amboine un giroflier ſauvage qui diffère de l’autre par ſon tronc plus élevé, les feuilles beaucoup plus longues, les matrices très-alongées, raboteuſes à leur ſurface & d’un goût déſagréable. Les iſles de Banda fourniſſent auſſi cinq ou ſix eſpèces de muſcadiers ſauvages, que les Hollandois ont négligé de détruire, parce que leur fruit, peu aromatique & de nulle valeur dans le commerce, eſt ſimplement un objet de curioſité.
À l’exception de cette précieuſe épicerie, les iſles de Banda, comme toutes les Moluques, ſont d’une ſtérilité affreuſe. On n’y trouve le ſuperflu, qu’aux dépens du néceſſaire. La nature s’y refuſe à la culture de tous les grains. La moelle de ſagou y ſert de pain aux naturels du pays.
Comme cette nourriture ne ſeroit pas ſuffiſante pour les Européens fixés dans les Moluques, on leur permet d’aller chercher des vivres à Java, à Macaſſar, ou dans l’iſle extrêmement fertile de Bali. La compagnie porte elle-même à Banda quelques marchandiſes.
C’eſt le ſeul établiſſement des Indes orientales qu’on puiſſe regarder comme une colonie