Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/37

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Ce que quelques écrivains racontent des richeſſes & de la magnificence du ſeptième ſiècle, eſt fabuleux, comme tout ce qu’on lit de merveilleux dans l’hiſtoire de leur tems. On s’habilloit de peaux & d’une laine groſſière. On ignoroit les commodités de la vie. On conſtruiſoit, il eſt vrai, des édifices hardis & ſolides, qui nous montrent juſqu’à quel point de perfection un art peut être porté, lorsqu’il eſt le produit des efforts ſucceſſifs & continus de la nation qui l’inventa : mais une architecture née dans les forêts des Druides, de l’imitation des arbres, qui, s’élançant dans les airs, forment des ceintres très-aigus, & dont les branches, en ſe recourbant, en s’entrelaſſant, conduiſent à l’invention des pendentifs, ne prouve pas qu’il y eût alors plus de richeſſes que de goût. Il ne faut ni beaucoup d’argent, ni beaucoup de connoiſſance des arts, pour élever des maſſes de pierre avec les bras de ſes eſclaves. Ce qui démontre, ſans réplique, la pauvreté des peuples, c’eſt que les impôts ſe levoient en nature ; & même les contributions que le clergé ſubalterne payoit à ſes ſupérieurs, conſiſtoient en denrées comeſtibles.