Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Arabes, enrichis par le commerce & raſſaſiés de conquêtes, n’étoient plus le même peuple qui avoit brûlé la bibliothèque des Ptolomées. Ils cultivoient les arts & les lettres ; & ils ont été la ſeule nation conquérante qui ait avancé la raiſon & l’induſtrie des hommes. On leur doit l’algèbre, la chymie, des lumières en agronomie, des machines nouvelles, des remèdes inconnus à l’antiquité ; mais la poéſie eſt le ſeul des beaux-arts qu’ils aient cultivé avec ſuccès.

Dans le même tems, les Grecs avoient imité les manufactures de l’Aſie ; & ils s’étoient approprié les richeſſes de l’Inde par différentes voies. Mais ces deux ſources de proſpérité tombèrent bientôt avec leur empire, qui n’oppoſoit au fanatiſme guerrier & intrépide des Arabes, que le fanatiſme imbécille & lâche des querelles ſcholaſtiques & des controverſes monacales. Les moines y régnaient, & l’empereur demandait pardon à Dieu du tems qu’il donnoit aux ſoins de l’état. Il n’y avoit plus ni bons peintres, ni bons ſculpteurs ; & l’on y diſputoit ſans ceſſe pour ſavoir s’il falloit honorer les images. Situés au milieu des mers, poſſeſſeurs d’un grand