Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/61

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plus commun, ne leur donnoit plus de conſidération. Ils voulurent partager la gloire de réuſſir dans les lettres, quand ils virent que les lettres donnoient de la gloire. Les papes, riches & paiſibles ſouverains dans la voluptueuſe Italie, perdirent de leur auſtérité. Leur cour devint aimable. Ils regardèrent la culture des lettres, comme un moyen nouveau de régner ſur les eſprits. Ils protégèrent les talens ; ils honorèrent les grands artiſtes. Raphaël alloit être cardinal, lorſqu’il mourut. Pétrarque eut les honneurs du triomphe. Ce bon goût, ces plaiſirs nouveaux, pouvoient n’être pas conformes à l’eſprit de l’évangile ; mais ils paroiſſoient l’être aux intérêts des pontifes. Les arts & les lettres décorent l’édifice de la religion ; c’eſt la philoſophie qui le détruit. Auſſi l’égliſe Romaine, favorable aux belles-lettres & aux beaux-arts, fut-elle oppoſée aux ſciences exactes. On couronna les poètes ; on perſécuta les philoſophes. Galilée eût vu de ſa priſon le Taſſe monter au Capitole, ſi ces deux grands génies euſſent été contemporains.

Il étoit tems que la philoſophie & les lettres arrivaient au ſecours de la morale &