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des deux Indes.

qu’une vaſte contrée, habitée ou cultivée par des hommes.

Telle étoit la ſituation de l’Europe, lorſque les monarques Portugais, à la tête d’un peuple actif, généreux, intelligent, entouré de voiſins qui ſe déchiroient encore, formèrent le projet d’étendre leur navigation & leur empire.

I. Premières navigations des Portugais, dans les mers où l’on préſume qu’étoit anciennement l’Atlantide


C’étoit une opinion généralement établie, que la mer Atlantique étoit impraticable ; que les côtes occidentales de l’Afrique, brûlées par la Zone Torride, ne pouvoient pas être habitées. Ce préjugé auroit pu être diſſipé par quelques ouvrages de l’antiquité, qui avoient échappé aux injures du tems & de l’ignorance : mais on n’étoit pas aſſez familier avec ces ſavans écrits, pour y découvrir des vérités qui n’y étoient que confuſément énoncées. Il falloit que les Maures & les Arabes, de qui l’Europe avoit déjà reçu tant de lumières, nous éclairâſſent ſur ces grands objets. À travers un océan qui paſſoit pour indomptable, ces peuples tiroient des richeſſes immenſes d’un pays qu’on croyoit embraſé. Dans des expéditions, dont la Bar-