Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/213

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elles ces événemens d’un œil tout-à-fait indifférent, ſans l’obligation de ſoudoyer les mercenaires chargés d’appuyer l’ambition, l’inquiétude ou les caprices d’un maître tyrannique.

Ces mercenaires ſont fort mal payés. Ils coûtent quatre ou cinq fois moins que le plus abject manœuvre. On ne leur donne que ce qui eſt précisément néceſſaire pour les empêcher de mourir de faim. Cependant on a multiplié à tel point les troupes, les généraux, les places fortes, l’artillerie, tous les inſtrumens de guerre, que leur entretien a fait le déſeſpoir des peuples. Pour ſubvenir à ces dépenſes, il a fallu ſurcharger toutes les claſſes de la ſociété qui, refoulant les unes ſur les autres, écraſent la dernière, la plus néceſſaire, celle des cultivateurs. L’accroiſſement des impôts, & la difficulté des recouvremens font mourir de faim & de misère ces mêmes familles qui ſont les mères & les nourrices des armées.

Si une oppreſſion univerſelle eſt le premier inconvénient de la multiplication de ſoldats, leur oiſiveté en eſt le ſecond. Qu’on les occupe ſans excès mais ſans relâche, auſſi-tôt que le bruit des armes aura ceſſé