Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/483

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principes d’une morale univerſelle fondée ſur l’identité des beſoins, des peines, des plaiſirs, de tous les rapports communs aux hommes ſous toutes les latitudes ; amené la pratique de la bienfaiſance avec tout individu qui la réclame, quelles que ſoient ſes mœurs, ſa contrée, ſes loix & ſa religion. Mais en même-tems les eſprits ont été tournés vers les ſpéculations lucratives. Le ſentiment de la gloire s’eſt affoibli. On a préféré la richeſſe à la célébrité ; & tout ce qui tendoit à l’élévation a penché viſiblement vers ſa décadence.

Le Nouveau-Monde a multiplié parmi nous les métaux. Un déſir vif de les obtenir a occaſionné un grand mouvement ſur le globe : mais le mouvement n’eſt pas le bonheur. De qui l’or & l’argent ont-ils amélioré le ſort ? Les nations qui les arrachent des entrailles de la terre, ne croupiſſent-elles pas dans l’ignorance, la ſuperſtition, la pareſſe, l’orgueil : ces vices les plus difficiles à déraciner, lorſqu’ils ont jeté de profondes racines ? N’ont-elles pas perdu leur agriculture & leurs ateliers ? Leur exiſtence n’eſt-elle pas précaire ? Si le peuple