Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
466
Histoire philosophique

une férocité de caractère qu’ils n’avoient pas ſous un ciel plus doux. La guerre eſt leur occupation la plus ordinaire. On les voit ſe ranger indifféremment ſous les étendards des princes Indiens ou Mahométans ; mais leur docilité n’égale pas leur valeur. De quelque crime qu’ils ſe ſoient rendus coupables, il eſt dangereux de les en punir, parce que l’eſprit de vengeance les porte à l’aſſaſſinat quand ils ſont foibles, à la révolte, lorſque leur nombre peut les enhardir à des démarches audacieuſes. Depuis que la puiſſance dominante a perdu ſa force, la nation a ſecoué le joug. Ses généraux ont même, il y a peu d’années, pouſſé leurs ravages juſqu’à Delhy, qu’ils n’ont abandonné qu’après un affreux pillage.

Au nord de l’Indoſtan, eſt une nation, qui, quoique nouvelle, & même parce qu’elle eſt nouvelle, inſpire encore plus de terreur. Ces peuples, connus ſous le nom de Seiks, ont ſu ſe tirer des fers du deſpotiſme & de la ſuperſtition, quoiqu’entourés de nations eſclaves. On les dit ſectateurs d’un philoſophe du Thibet, qui leur donna des idées de liberté, & leur enſeigna le déiſme, ſans aucun