Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/567

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force ; & cruels, quand vous ſerez devenus tout puiſſans.

Il n’y a que l’amour des habitans d’une contrée qui puiſſe rendre ſolides vos établiſſemens. Faites que ces habitans vous défendent, s’il arrive qu’on vous attaque. Si vous n’en êtes pas défendus, vous en ſerez trahis. Les nations ſubjuguées ſoupirent après un libérateur, les nations vexées ſoupirent après un vengeur ; & ce vengeur elles ne tarderont pas à le trouver.

Serez-vous toujours aſſez inſensés pour préférer des eſclaves à des hommes libres ; des ſujets mécontens à des ſujets affectionnés ; des ennemis à des amis ; des ennemis à des frères ?

S’il vous arrive de prendre parti entre des princes divisés, n’écoutez pas légèrement la voix de l’intérêt contre le cri de la juſtice. Quel peut être l’équivalent de la perte du nom de juſte ? Soyez plutôt médiateurs qu’auxiliaires. Le rôle de médiateur eſt toujours honoré ; celui d’auxiliaire toujours périlleux.

Continuerez-vous à maſſacrer, empriſonner, dépouiller ceux qui ſe ſont mis ſous votre