Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avec les infidèles, dans la crainte que la pureté de leur foi ne s’altérât.

Quoique les partis dont on a parlé euſſent des vues particulières & même opposées, ils ſe réuniſſoient tous dans le projet de rendre le commerce libre, ou de faire annuler du moins le privilège de la compagnie, La nation, en général, ſe déclaroit pour eux : mais le corps attaqué leur oppoſoit ſes partiſans, les miniſtres, tout ce qui tenoit à la cour, qui faiſoit elle-même cauſe commune avec lui. Des deux côtés, on employa la voie des libelles, de l’intrigue, de la corruption. Du choc de ces paſſions, il ſortit un de ces orages, dont la violence ne ſe fait guère ſentir qu’en Angleterre. Les factions, les ſectes, les intérêts ſe heurtèrent avec impétuoſité. Tout, ſans diſtinction de rang, d’âge, de ſexe, ſe partagea. Les plus grands événemens n’avoient pas excité plus d’enthouſiaſme. La compagnie, pour appuyer la chaleur de ſes défenſeurs, offrit de prêter de grandes ſommes, à condition qu’on lui laiſſeroit ſon privilège. Ses adverſaires en offrirent de plus conſidérables pour le faire révoquer.