Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/158

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Leur traite ainſi conſommée, ils reprenoient la route de leur patrie, & ſe retrouvoient à Péterſbourg, trois ans après en être partis.

Dans le cours ordinaire des choſes, les mauvaiſes marchandiſes qu’apportoit la caravane, n’auroient eu que peu de valeur : mais comme ce commerce étoit pour le compte de la cour, & que la vente s’en faiſoit toujours ſous les yeux du ſouverain, les plus vils objets acquéroient du prix. Être admis à cette eſpèce de foire, étoit une grâce que le deſpote n’accordoit guère qu’aux gens en faveur. Tous vouloient ſe montrer dignes de cette diſtinction. On y réuſſiſſoit en pouſſant follement les enchères, & en faiſant placer ainſi ſon nom ſur la liſte des acheteurs. Malgré cette honteuſe émulation, les objets offerts étoient ſi peu importans, que leur produit, la conſommation de la cour prélevée, ne s’élevoit jamais à cent mille écus.

Depuis la ceſſation des caravanes, on a établi à Kiatcha deux grands magaſins, l’un Ruſſe & l’autre Chinois, où ſont déposées toutes les choſes qu’on ſe propoſe d’échanger. Des commiſſaires des deux nations préſident à ce commerce, où il entre rarement des