Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/391

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chiſe dans les traités : & entre eux ils honoroient les vieillards.

Leur pays, quoiqu’inégal, quoique peu étendu, quoique médiocrement fertile, étoit fort peuplé, aſſez bien cultivé, & l’on y vivoit heureux.

Voilà les hommes que les Eſpagnols ne daignoient pas admettre dans l’eſpèce humaine. Une des qualités qu’ils mépriſoient le plus chez les Tlaſcaltèques, c’étoit l’amour de la liberté. Ils ne trouvoient pas que ce peuple eût un gouvernement, parce qu’il n’avoit pas celui d’un ſeul ; ni une police, parce qu’il n’avoit pas celle de Madrid ; ni des vertus, parce qu’il n’avoit pas leur culte ; ni de l’eſprit, parce qu’il n’avoit pas leurs opinions.

Jamais peut-être aucune nation ne fut idolâtre de ſes préjugés, au point où l’étoient alors, où le ſont peut-être encore aujourd’hui les Eſpagnols. Ces préjugés faiſoient le fond de toutes leurs pensées, influoient ſur leurs jugemens, formoient leur caractère. Ils n’employoient le génie ardent & vigoureux que leur a donné la nature, qu’à inventer une foule de ſophiſmes, pour s’affermir dans leurs