Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/428

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culte ſur la ruine des ſuperſtitions qu’ils trouvoient établies. Que ſauroit-on de la Chine, ſi les Portugais avoient pu l’incendier, la bouleverſer ou la détruire comme le Bréſil ? Parleroit-on aujourd’hui de l’antiquité de ſes livres, de ſes loix & de ſes mœurs ? Quand on aura laiſſé pénétrer au Mexique quelques philoſophes pour y déterrer, pour y déchiffrer les ruines de ſon hiſtoire, que ces ſavans ne ſeront, ni des moines, ni des Eſpagnols, mais des Anglois, des François qui auront toute la liberté, tous les moyens de découvrir la vérité : peut-être alors là ſaura-t-on, ſi la barbarie n’a pas détruit tous les monumens qui pouvoient en marquer la trace.

Ces recherches ne pourroient pas cependant conduire à une connoiſſance exacte de l’ancienne population de l’empire. Elle étoit immenſe, diſent les conquérans. Des habitans couvroient les campagnes ; les citoyens fourmilloient dans les villes ; les armées étoient très-nombreuſes. Stupides relateurs, n’eſt-ce pas vous qui nous aſſurez que c’étoit un état naiſſant ; que des guerres opiniâtres l’agitoient ſans ceſſe ; qu’on maſſacroit ſur le champ de bataille ou qu’on ſacrifioit aux