Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/433

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à l’autre, & laiſſa par-tout des traces d’une vengeance éclatante dont les détails feroient frémir les âmes les plus ſanguinaires. Il y eut une barbare émulation entre l’officier & le ſoldat à qui immoleroit le plus de victimes ; & le général lui-même ſurpaſſa peut-être en férocité ſes troupes & ſes lieutenans.

Cependant, Cortès ne recueillit pas de tant d’inhumanités le fruit qu’il s’en pouvoit promettre. Il commençoit à entrer dans la politique de la cour de Madrid de ne pas laiſſer à ceux de ſes ſujets qui s’étoient ſignalés par quelque importante découverte le tems de s’affermir dans leur domination, dans la crainte bien ou mal fondée qu’ils ne ſongeâſſent à ſe rendre indépendans de la couronne. Si le conquérant du Mexique ne donna pas lieu à ce ſyſtême, du moins en fut-il une des premières victimes. On diminuoit chaque jour les pouvoirs illimités dont il avoit joui d’abord ; & avec le tems on les réduiſit à ſi peu de choſe, qu’il crut devoir préférer une condition privée aux vaines apparences d’une autorité qu’accompagnoient les plus grands dégoûts.

Cet Eſpagnol fut deſpote & cruel. Ses