Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/434

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fuccès ſont flétris par l’injuſtice de ſes projets. C’eſt un aſſaſſin couvert de ſang innocent : mais ſes vices ſont de ſon tems ou de ſa nation, & ſes vertus ſont à lui. Placez cet homme chez les peuples anciens. Donnez-lui une autre patrie, une autre éducation, un autre eſprit, d’autres mœurs, une autre religion. Mettez-le à la tête de la flotte qui s’avança contre Xerxès. Comptez-le parmi les Spartiates qui ſe préſentèrent au détroit des Thermopiles, ou ſuppoſez-le parmi ces généreux Bataves qui s’affranchiſent de la tyrannie de ſes compatriotes, & Cortès ſera un grand homme. Ses qualités ſeront héroïques, ſa mémoire ſera ſans reproche. Céſar né dans le quinzième ſiècle & général au Mexique eût été plus méchant que Cortès. Pour excuſer les fautes qui lui ont été reprochées, il faut ſe demander à ſoi-même ce qu’on peut attendre de mieux d’un homme qui fait les premiers pas dans des régions inconnues & qui eſt preſſé de pourvoir à ſa sûreté. Il ſeroit bien injuſte de le confondre avec le fondateur paiſible qui connoît la contrée & qui diſpoſe à ſon gré des moyens, de l’eſpaçe & du tems.

Depuis