Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v4.djvu/341

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& ne peſez que le peu de lignes que je vais ajouter. Le Guaranis n’eut jamais que des idées très-confuſes de ce qu’il devoit aux ſoins de ſes légiſlateurs, & il en avoit vivement, continuellement ſenti le deſpotiſme. Il ſe perſuada ſans peine au moment de leur expulſion, qu’il ſeroit affranchi, & qu’il n’en ſeroit pas moins heureux. Toute autorité eſt plus ou moins odieuſe ; & c’eſt la raiſon pour laquelle tous les maîtres, ſans exception, ne font que des ingrats.

XVIII. Meſures préliminaires priſes par la cour d’Eſpagne pour le gouvernement de ces miſſions.

Lorſqu’en 1768 les miſſions du Paraguay ſortirent des mains des Jéſuites, elles étoient arrivées à un point de civiliſation, le plus grand peut-être où on puiſſe conduire les nations nouvelles, & certainement fort ſupérieur à tout ce qui exiſtoit dans le reſte du nouvel hémiſphère. On y obſervoit les loix. Il y régnoit une police exacte. Les mœurs y étoient pures. Une heureuſe fraternité y uniſſoit les cœurs. Tous les arts de néceſſité y étoient perfectionnés, & on y en connoiſſoit quelques-uns d’agréables. L’abondance y étoit univerſelle, & rien ne manquoit dans les dépôts publics. Le nombre des bêtes à corne s’y élevoit à ſept cens ſoixante-neuf