Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/102

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haitent rien de plus. Ils vivent ſans ſouci, dorment ſans inquiétude, & meurent ſans crainte. On peut les dire heureux, ſi le bonheur conſiſte plus dans l’exemption des peines qui ſuivent les beſoins, que dans la multiplicité des jouiſſances que ces beſoins demandent.

Cet état naiſſant, qui eſt l’ouvrage de la religion ſeule, n’a produit juſqu’ici aucun avantage à l’Eſpagne, & il eſt difficile qu’il lui devienne jamais utile. On en a cependant formé le gouvernement de Maynas. Le bourg de Borgia en eſt la capitale. Les deſtructeurs du Nouveau-Monde n’ont jamais ſongé à s’établir dans un pays qui n’offroit ni métaux, ni aucun des genres de richeſſe qui excitent ſi puiſſamment leur avidité : mais les ſauvages voiſins viennent de tems en tems s’y mêler.

Tandis que des miſſionnaires établiſſoient l’autorité de la cour de Madrid ſur les bords de l’Amazone, d’autres miſſionnaires rendoient à celle de Liſbonne un pareil ſervice. À ſix ou ſept journées au-deſſus de Pevas, la dernière peuplade dépendante de l’Eſpagne, on trouve Saint-Paul, la pre-