Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/104

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dans l’impoſſibilité d’acheter ce qui paſſe de l’Ancien-Monde dans le nouveau, & que Para ne conſomme que ce que Liſbonne tire de l’étranger. Mais il en eſt des antipathies nationales, ou des jalouſies des couronnes, comme des paſſions aveugles des particuliers. Il ne faut qu’un malheureux événement, pour mettre des barrières éternelles entre des familles & des peuples, dont le plus grand intérêt eſt de s’aimer, de s’entr’aider & de concourir au bien univerſel. La haine & la vengeance conſentent à ſouffrir, pourvu qu’elles nuiſent. Elles ſe nourriſſent mutuellement des plaies qu’elles ſe font, du ſang qu’elles s’arrachent. Quelle différence entre l’homme de la nature & l’homme corrompu dans nos malheureuſes ſociétés ! Ce dernier paroît digne de tous les maux qu’il s’eſt forgés.

Il faut déſeſpérer plus que jamais d’établir, dans ces contrées, quelque confiance entre les deux nations Européennes qui les partagent. Depuis long-tems on ſoupçonnoit que l’Amazone & l’Orenoque communiquoient enſemble par la rivière Noire, où la cour de Liſbonne a pluſieurs établiſſemens.