Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/193

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ne l’étoit. Le reſte s’arma pour couvrir les frontières. L’intérêt général fit taire les intérêts particuliers, & tout citoyen s’occupa uniquement de la patrie. Il devoit arriver naturellement que, lorſque le premier feu ſeroit paſſé, chacun reprendroit ſes occupations. Malheureuſement la guerre cruelle, qui ſuivit ce grand événement, fut accompagnée de tant de ravage dans un pays ouvert de tous côtés, qu’on aima mieux ne pas travailler, que de s’expoſer à voir ruiner continuellement le fruit de ſes travaux. Le miniſtère favoriſa cette inaction par des meſures dont on ne peut le blâmer trop sévèrement.

Sa poſition le mettoit dans la néceſſité de former des alliances. La politique ſeule lui aſſuroit celle de tous les ennemis de l’Eſpagne. Les avantages qu’ils devoient retirer de la diverſion du Portugal, ne pouvoient manquer de les attacher à ſes intérêts. Si la nouvelle cour avoit eu des vues auſſi étendues que ſon entrepriſe le faiſoit préſumer, elle auroit ſenti qu’il étoit inutile de faire des ſacrifices pour acquérir des amis. Une précipitation funeſte ruina ſes affaires. Elle livra ſon commerce à des puiſſances, preſque auſſi