Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/24

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ment qu’euſſent alors les Eſpagnols dans le Nouveau-Monde.

Un heureux haſard procura, l’année ſuivante, l’honneur de cette découverte à Pierre Alvarez Cabral. Pourquoi en eſt-il ainſi de preſque toutes les découvertes ? Comment le haſard y a-t-il toujours plus de part que l’eſprit ? C’eſt que le haſard travaille ſans ceſſe, tandis que l’eſprit s’arrête par pareſſe, change d’objets par inconſtance, ſe repoſe par laſſitude ou par ennui, & eſt jeté dans l’inaction par une infinité de cauſes morales & phyſiques, domeſtiques ou nationales. C’eſt donc au haſard ou à cette fourmilière innombrable d’hommes qui s’agitent en tout ſens & qui répandent leurs regards ſur tous les objets qui les environnent ou les frappent, ſouvent ſans deſſein de s’inſtruire, ſans projets de découvrir & par la ſeule raiſon qu’ils ont des yeux, c’eſt à eux que l’on doit la plupart des découvertes.

Pour éviter les calmes de la côte d’Afrique, Cabral prit tellement au large, qu’il ſe trouva à la vue d’une terre inconnue, ſituée à l’Oueſt. La tempête l’obligea d’y chercher un aſyle. Il mouilla ſur la côte au