Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/247

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Lorsque les Européens abordèrent aux Antilles, ils les trouvèrent couvertes de grands arbres, liés pour ainsi dire les uns aux autres par des plantes rampantes qui, s’élevant comme du lierre, embrassoient toutes les branches & les déroboient à la vue. Cette espèce parasite croissoit en telle abondance, qu’on ne pouvoit pénétrer dans les bois sans la couper. On lui donna le nom de liane analogue à sa flexibilité. Ces forêts, aussi anciennes que le monde, avoient plusieurs générations d’arbres qui, par une singulière prédilection de la nature, étoient d’une grande élévation, très-droits, sans excrescence, ni défectuosité. La chute annuelle des feuilles, leur décomposition, la destruction des troncs pourris par le tems, formoient, sur la surface de la terre, un sédiment gras, qui, après le défrichement, opéroit une végétation prodigieuse dans les nouvelles plantations qu’on substituoit à ces arbres.

Dans quelque terrein qu’ils eussent poussé, leurs racines avoient tout au plus deux pieds de profondeur, & communément beaucoup moins : mais elles s’étendoient en superficie