Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/249

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montagnes, étoient couvertes de bois mous. Au pied de ces arbres croiſſoient indiſtinctement les plantes qu’un ſol libéral produiſoit pour la ſubſiſtance des naturels du pays. Celles d’un uſage plus univerſel étoient l’igname, le chou caraïbe, la patate, dont les racines tubéreuſes, comme celles de la pomme de terre, pouvoient donner, ainſi qu’elles, une nourriture ſaine. La nature, qui paroît avoir mis par-tout un certain rapport entre le caractère des peuples & les denrées deſtinées à leur ſubſiſtance, avoit placé dans les Antilles des légumes qui craignoient les ardeurs du ſoleil, qui ſe plaiſoient dans les endroits frais, qui n’exigeoient point de culture, & qui ſe reproduiſoient deux ou trois fois l’année. Les Inſulaires ne traverſoient pas le travail libre & ſpontané de la nature, en détruiſant une production, pour donner plus de vigueur à une autre. Ils laiſſoient à la terre le ſoin de préparer les ſols de la végétation, ſans lui aſſigner le lieu & le tems de féconder. Cueillant au haſard & dans leur ſaiſon les productions qui s’offroient d’elles-mêmes à leurs beſoins, ils avoient obſervé ſans étude