Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/337

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les fléaux du Nouveau-Monde, ils l’auroient été de celui-ci. S’ils n’étoient pas allé ravager les contrées éloignées, ils auroient ravagé nos provinces, & laiſſé un nom fameux dans la liſte des grands ſcélérats.

XI. Raiſons qui empêchent les Anglois & les Hollandois de faire des conquêtes en Amérique durant la guerre pour la ſucceſſion d’Eſpagne.

L’Amérique reſpiroit à peine. À peine on commençoit à jouir de l’induſtrie des Flibuſtiers, devenus citoyens & cultivateurs, que l’ancien monde offrit le ſpectacle d’une révolution qui fit trembler le nouveau. Charles II, roi d’Eſpagne venoit de finir une carrière agitée. Ses ſujets convaincus qu’un Bourbon ſeul étoit en état de conſerver la monarchie ſans démembrement, l’avoient preſſé ſur la fin de ſa vie d’appeler à ſa ſucceſſion le duc d’Anjou. L’idée de voir vingt-deux couronnes tranſportées dans une maiſon rivale & ennemie de la ſienne, l’avoit plongé dans de nous chagrins. Cependant après des combats & des irréſolutions ſans nombre, il s’étoit déterminé à cet effort de juſtice & de magnanimité, qu’il n’étoit pas naturel d’attendre de la foibleſſe de ſon caractère.

L’Europe fatiguée depuis un demi-ſiècle des hauteurs, de l’ambition, de la tyrannie