Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/339

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laiſſé tomber ſa marine. Cette conduite vicieuſe avoit un principe éloigné.

Louis XIV, avide dans ſa jeuneſſe de toutes les eſpèces de gloire, penſa qu’il manqueroit quelque choſe à l’éclat de ſon règne, s’il ne créoit une marine formidable. Bientôt ſes nombreuſes flottes balancèrent les forces combinées de l’Angleterre, de la Hollande, & portèrent la terreur de ſon nom aux extrémités du monde. Mais ce nouveau genre de grandeur ne tarda pas à lui échapper. À meſure que ſon ambition déſordonnée lui ſuſcita de nouveaux ennemis ; qu’il ſe vit obligé d’avoir ſur pied un plus grand nombre de troupes ; que les frontières de la monarchie s’étendirent, & que les citadelles ſe multiplièrent, on vit diminuer le nombre de ſes vaiſſeaux. Il n’attendit pas même la néceſſité de ces dépenſes, pour ſupprimer une partie des fonds deſtinés à ſoutenir la puiſſance maritime. Les voyages de la cour, des édifices inutiles ou trop magnifiques, des objets d’oſtentation ou de pur agrément, beaucoup d’autres cauſes auſſi frivoles, abſorbèrent la partie du revenu public qu’auroient exigé