Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v6.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

induſtrie. Ils étoient obligés de défrayer leur tyran, lorſqu’il arrivoit : leurs vivres, leurs meubles, leurs troupeaux ; tout étoit alors au pillage. Un procès étoit-il commencé, on ne pouvoit pas le terminer par les voies de la conciliation, parce que cet accommodement auroit privé le ſeigneur des droits que devoit lui valoir ſa ſentence. Tout échange, entre particuliers, étoit défendu, à l’époque où le poſſeſſeur du fief vouloit vendre lui-même les denrées qu’ils avoient recueillies ou même achetées. Telle étoit l’oppreſſion ſous laquelle gémiſſoit la claſſe du peuple la moins maltraitée. Si quelques-unes des vexations, dont on vient de voir le détail, étoient inconnues dans certains lieux, elles étoient toujours remplacées par d’autres ſouvent plus intolérables.

Des villes d’Italie, que des haſards heureux avoient miſes en poſſeſſion de quelques branches de commerce, rougirent les premières des humiliations d’un pareil état ; & elles trouvèrent dans leurs richeſſes les moyens de ſecouer le joug de leurs foibles deſpotes. D’autres achetèrent leur liberté des empereurs qui, durant les démêlés ſan-