Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/154

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nouveautés ; par des matelots, dégoûtés de la navigation ; par des capitaines de navire, qui venoient, par prudence, confier au ſein d’une terre prodigue, un fonds de richeſſe ſauvé des caprices de l’océan. Mais la proſpérité de la Guadeloupe fut arrêtée ou traversée, par des obſtacles qui naiſſoient de ſa ſituation.

La facilité qu’avoient les Pirates des iſles voiſines de lui enlever ſes beſtiaux, ſes eſclaves, ſes récoltes même, la réduiſit plus d’une fois à des extrémités ruineuſes. Des troubles intérieurs, qui prenoient leur ſource dans des jalouſies d’autorité, mirent ſouvent ſes cultivateurs aux mains. Les aventuriers qui paſſoient aux iſles du Vent, dédaignant une terre plus favorable à la culture qu’aux armemens, ſe laiſſèrent attirer à la Martinique par le nombre & la commodité de ſes rades. La protection de ces intrépides corſaires, amena dans cette iſle tous les négocians qui ſe flattèrent d’y acheter à vil prix les dépouilles de l’ennemi, & tous les cultivateurs qui crurent pouvoir s’y livrer ſans inquiétude à des travaux paiſibles. Cette prompte population devoit introduire le