Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/167

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multitude ſur les pays éloignés. Il eſt tems d’apprécier la vérité, le réſultat de leur hiſtoire, & de ſavoir moins ce qu’ils ont été que ce qu’ils ſont : car l’hiſtoire du paſſé, ſur-tout par la manière dont elle a été écrite, n’appartient guère plus au ſiècle où nous vivons que celle de l’avenir. Encore une fois, qu’on ne s’étonne plus de voir répéter ſi ſouvent un dénombrement de nègres & d’animaux, de terres & de productions ; en un mot, des détails qui, malgré la séchereſſe qu’ils offrent à l’eſprit, ſont pourtant les fondemens phyſiques de la ſociété.

La Guadeloupe doit obtenir de ſes cultures une maſſe de productions très-conſidérable, & même plus conſidérable que la Martinique. Elle a beaucoup plus d’eſclaves ; elle en emploie moins à ſa navigation & à ſon commerce ; elle en a placé un grand nombre ſur un ſol inférieur à celui de ſa rivale, mais qui, étant en grande partie nouvellement défriché, donne des récoltes plus abondantes que des terres fatiguées par une longue exploitation. Auſſi eſt-il prouvé que les plantations, qui ne ſont pas dévorées par les fourmis, lui forment un revenu fort ſupérieur à celui