Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/233

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Maiſi de l’iſle de Cuba, ſemble l’avoir deſtiné à devenir le poſte le plus intéreſſant de l’Amérique, pour les facilités de la navigation.

Sa baie a quatorze cens cinquante toiſes d’ouverture. La rade conduit au port, & le port au baſſin. Tout ce grand enfoncement eſt ſain, quoique la mer y ſoit comme ſtagnante. Le baſſin qu’on diroit fait exprès pour les carénages, n’a pas le défaut des ports encaiſſés : il eſt ouvert aux vents d’oueſt & de nord, ſans que leur violence puiſſe y troubler ou y retarder aucun des mouvemens des travaux intérieurs. La péninſule où le port eſt ſitué, s’élève comme par degrés juſqu’aux plaines qui repoſent ſur une baſe énorme. C’eſt pour ainſi dire une ſeule montagne qui, d’un ſommet large & uni, va par une pente douce, ſe rejoindre au reſte de l’iſle.

Le morne Saint-Nicolas n’avoit jamais fixé l’attention publique. Des coteaux pelés & des rochers applatis, n’avoient rien d’attrayant pour la cupidité. L’uſage que firent les Anglois de cette poſition durant la guerre de 1756, la tira du néant où elle étoit reſtée. Le miniſtère de France éclairé par ſes ennemis même, y établit en 1767 un entrepôt où les