Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/358

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trop ſouvent ſon propre cabotage. On n’affirmera pas qu’un acte de navigation pareil à celui qui a produit la grandeur de l’Angleterre convînt à la France : mais du moins cette couronne devroit-elle faire de tels réglemens que ſes ſujets puſſent entrer en partage des bénéfices que les Suédois, les Danois & les Hollandois viennent leur enlever juſque dans ſes rades ?

Ce nouvel ordre de choſes ne s’établira jamais ſi la marine marchande ne ſort de l’humiliation où juſqu’ici elle a été malheureuſement plongée. La loi veut que nul navigateur ne puiſſe commander un bâtiment de commerce, ſans avoir fait trois campagnes ſur un vaiſſeau de roi ; elle veut qu’après cette épreuve, on puiſſe le forcer à y ſervir encore durant la guerre. L’état d’abjection où on le tient dans ce ſervice, écarte néceſſairement de la mer les hommes qui ont reçu de l’éducation, qui jouiſſent de quelque fortune, ou qui ſe trouvent de l’élévation. Il faut briſer ces honteuſes chaînes, ou renoncer à l’eſpoir de voir l’océan ſe couvrir de nombreux, de riches armemens.

L’oppreſſion ſous laquelle on tient les matelots, eſt un autre obſtacle à la multiplication

des