Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/372

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La navigation occupoit à peine dix mille matelots. Ils étoient au ſervice des compagnies excluſives, qui s’étoient emparées de toutes les branches de commerce, ſans en excepter celle des draps, dont les autres enſemble ne formoient qu’un dixième dans la maſſe des richeſſes vénales de la nation. Celles-ci ſe trouvoient ainſi concentrées dans les mains de trois ou quatre cens perſonnes, qui s’accordoient pour fixer à leur profit le prix des marchandiſes, ſoit à l’entrée, ſoit à la ſortie du royaume. Le privilège de ces monopoleurs s’exerçoit dans la capitale, où la cour vendoit les provinces. Londres ſeul avoit ſix fois plus de vaiſſeaux, que tous les ports de l’Angleterre.

Le revenu public n’étoit pas, ne pouvoit pas être fort conſidérable. Il étoit en ferme ; méthode ruineuſe qui a précédé la régie dans tous les états, & qui ne s’eſt perpétuée que dans les gouvernemens abſolus. La dépenſe étoit proportionnée à la modicité du fiſc. La flotte n’étoit pas nombreuſe ; & les bâtimens qui la compoſoient étoient ſi foibles, qu’au beſoin, les navires marchands étoient convertis en vaiſſeaux de guerre. Cent