Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/130

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conſentent à paſſer enſemble la rude ſaiſon des hivers. Ils s’y préparent par l’approviſionnement qu’ils font en ſeptembre. Les deux époux ſe retirent dans leur cabane dès l’automne, qui n’eſt pas moins favorable aux amours que le printemps. Si la ſaiſon des fleurs invite les oiſeaux du ciel à ſe perpétuer dans les bois ; la ſaiſon des fruits excite peut-être auſſi fortement les habitans de la terre à la repeupler. L’hiver donne au-moins le loiſir d’aimer ; & cette douceur vaut toutes celles de l’année. Les époux alors ne ſe quittent plus. Aucun travail, aucun plaiſir ne fait diverſion, ne dérobe du tems à l’amour. Les mères conçoivent & portent les doux gages de cette paſſion univerſelle de la nature. Si quelque beau ſoleil vient égayer la triſte ſaiſon, le couple heureux ſort de ſa cabane, va ſe promener ſur le bord de l’étang ou de la rivière, y manger de l’écorce fraîche, y reſpirer les ſalutaires exhalaiſons de la terre. Cependant la mère met au jour, vers la fin de l’hiver, les fruits de l’hymen conçus en automne ; & tandis que le père, attiré dans les bois par les douceurs du printemps, laiſſe à ſes petits la place qu’il occupoit dans ſa

cabane