Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/147

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France les ſuites de ces nouvelles liaiſons. Elle réuſſit à les affoiblir, en prenant elle-même le commerce de ces trois poſtes, & donnant un meilleur traitement aux ſauvages que la nation rivale.

Qu’en arriva-t-il ? Le roi fut ſeul en poſſeſſion des pelleteries qu’on rebutoit ailleurs ; le roi eut, ſans concurrence, les peaux des bêtes qu’on tuoit en été ou en automne ; ce qu’il y avoit de moins beau, de moins garni de poil, de plus ſujet à ſe corrompre, fut pour le compte du roi. Toutes ces mauvaiſes pelleteries, achetées ſans fidélité, étoient entaſſées ſans ſoin dans des magaſins où elles devenoient la proie des vers. Lorſque la ſaiſon de les envoyer à Québec étoit venue, on les chargaoit ſur des bateaux, abandonnées à la merci des ſoldats, des paſſagers, des matelots, qui, n’ayant aucun intérêt ſur ces marchandiſes, ne portoient pas la moindre attention à les garantir de l’humidité. Arrivées ſous les yeux des adminiſtrateurs de la colonie, elles étoient vendues la moitié du peu qu’elles valoient. C’eſt ainſi que les avances conſidérables faites par le gouvernement, lui retournoient preſque en pure perte.