Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/219

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foible garniſon leur ſert à payer les boiſſons & les vêtemens qu’ils ſont obligés de tirer d’ailleurs.

L’établiſſement formé aux Akanſas eſt plus misérable encore. Infailliblement il ſeroit devenu très-floriſſant, ſi les troupes, les armes, les engagés, les vivres & les marchandiſes que Law y faiſoit paſſer pour ſon compte particulier, n’euſſent été confiſqués après la diſgrâce de cet homme entreprenant. Il ne s’eſt depuis fixé dans cet excellent pays que quelques Canadiens qui ont pris pour compagnes des femmes indigènes. De ces liaiſons eſt bientôt ſortie une race preſque ſauvage. Les familles en ſont très-peu nombreuſes : elles vivent diſpersées & ne s’occupent guère que de la chaſſe.

Pour arriver des Akanſas aux Illinois, il faut faire trois cens lieues : car les peuples ne ſe touchent pas en Amérique comme en Europe, & n’en ſont que plus indépendans. Ils n’ont point des chefs liés entre eux pour ſe les arracher, ſe les ſacrifier tour-à-tour & les rendre ſi malheureux qu’ils n’aient rien à gagner ou à perdre, en changeant de patrie & de maître. Les