Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/221

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pour la colonie & pour la France, s’ils euſſent fouillé le ſol excellent où la fortune les avoit placés, s’ils lui avoient demandé les grains de l’ancien monde que la Louyſiane a toujours été obligée de tirer de l’Europe ou de l’Amérique Septentrionale. Mais combien l’établiſſement formé par les François au pays des Illinois, combien leurs autres établiſſemens ſont reſtés loin de cette proſpérité !

Jamais, dans ſon plus grand éclat, la colonie n’eut plus de ſept mille blancs, ſans y comprendre les troupes qui varièrent depuis trois cens juſqu’à deux mille hommes. Cette foible population étoit diſpersée ſur les bords du Miſſiſſipi, dans un eſpace de cinq cens lieues, & ſoutenue par quelques mauvais forts, ſitués à une diſtance immenſe l’un de l’autre. Cependant elle n’étoit point engendrée de cette écume de l’Europe, que la France avoit comme vomie dans le Nouveau-Monde, au tems du ſyſtême. Tous ces misérables avoient péri, ſans ſe reproduire. Les colons étoient des hommes forts & robuſtes ſortis du Canada, ou des ſoldats congédiés qui avoient ſu préférer les