Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/421

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coupent la langue ; enſuite ils la livrent à un mouſſe, pour la porter au décoleur. Celui-ci lui tranche la tête, lui arrache le foie, les entrailles, & la laiſſe tomber par un écoutillon dans l’entrepont, où l’habilleur lui tire l’arête juſqu’au nombril, & la fait paſſer par un autre écoutillon dans la cale. C’eſt-là qu’elle eſt ſalée, & rangée en piles. Le ſaleur a l’attention d’obſerver qu’il y ait, entre les rangs qui forment les piles, aſſez de ſel pour que les couches de poiſſon ne ſe touchent pas, mais qu’il n’y en ait que ce qu’il faut. Le trop ou le trop peu de ſel, eſt également dangereux : l’un & l’autre excès fait avarier la morue.

Mais un phénomène bien conſtaté, c’eſt qu’a peine la pêche de ce poiſſon eſt commencée, que la mer s’engraiſſe, s’adoucit, & que les barques règnent ſur la ſurface des eaux, comme ſur une glace polie. Lorſqu’on dépèce la baleine, la graiſſe qui en découle produit le même effet. Un vaiſſeau nouvellement goudronné, apaiſe la mer ſous lui, & autour des bâtimens qui l’avoiſinent. En 1756, le docteur Franklin allant à Louiſbourg avec une grande flotte, remarqua que la