Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/50

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cheſſes, ils ſont bienfaiſans. On le voit ; on le ſent dans le ſoin qu’ils prennent des orphelins, des veuves & des infirmes. Ils partagent libéralement le peu qu’ils ont de proviſions, avec ceux dont la chaſſe, la pêche ou les récoltes ont trompé les eſpérances. Leurs tables & leurs cabanes, ſont jour & nuit ouvertes aux étrangers & aux voyageurs. C’eſt dans les fêtes que brille ſur-tout cette hoſpitalité généreuſe, qui fait un bien public des avantages d’un particulier. C’eſt moins par ce qu’il poſſède, que par ce qu’il donne, qu’un ſauvage aſpire à la conſidération. Ainſi la proviſion d’une chaſſe de ſix mois, eſt ſouvent diſtribuée en un jour ; & celui qui régale a bien plus de plaiſir que tous ceux qu’il a invités.

Tous les peintres des mœurs ſauvages, ne placent point la bienveillance dans leurs tableaux. Mais la prévention ne leur a-t-elle pas fait confondre, avec le caractère naturel, une antipathie de reſſentiment ? Ces peuples n’aiment, n’eſtiment, ni n’accueillent les Européens. L’inégalité des conditions, que nous croyons ſi néceſſaire pour

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