Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/509

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dans ſon voiſinage, étendre dans tout l’univers les branches de ſa proſpérité. Elle frémiſſoit en ſecret de ne pouvoir atteindre à l’égalité d’une puiſſance, qui ne devoit pas même lui diſputer la ſupériorité. Ces rivaux, en commerce comme en navigation, l’écraſoient par leur vigilance & leur économie, dans les grands marchés du monde entier, & par-tout, la réduiſoient au rôle ſubalterne. Chaque effort qu’elle faiſoit pour établir la concurrence, tournoit à ſon déſhonneur ou à ſa perte ; & le commerce univerſel ſe concentrait viſiblement dans les marais de la république. La nation s’indigna des diſgrâces de ſes négocians, & réſolut de leur aſſurer, par la force, ce qu’ils ne pouvoient obtenir de leur induſtrie. Charles II, malgré ſa nonchalance pour les affaires, malgré ſon goût effréné pour les plaiſirs, adopta vivement un plan qui pouvoit faire tomber dans ſes mains les richeſſes des régions éloignées, avec l’empire maritime de l’Europe. Son frère, plus actif, plus entreprenant que lui, l’affermit dans ces diſpoſitions ; & d’un commun accord, ils firent attaquer les établiſſemens, les vaiſſeaux Hollandois, ſans déclaration de guerre.