Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/529

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& de ſes productions, elle n’eſt pas encore ſortie de cette eſpèce de ſervitude. Des états d’une vérité inconteſtable que nous avons ſous les yeux, démontrent qu’en 1769, la Nouvelle-Jerſey n’expédia aucun bâtiment pour l’Europe, & qu’elle n’envoya aux Indes Occidentales que vingt-quatre bateaux, dont la charge ne valoit que 56 965 l. 19 ſols 9 d. Tout le reſte de ſes richeſſes territoriales fut livré aux colonies voiſines, qui en firent elles-mêmes le commerce.

Cette ſituation eſt ruineuſe & aviliſſante. La Nouvelle-Jerſey doit conſtruire elle-même des navires, dont la nature lui a donné tous les matériaux. Elle doit les lancer dans des mers diverſes, puiſque les hommes ne lui manquent plus. Elle doit porter ſes productions aux peuples, qui ne les ont encore reçues que par des agens intermédiaires. Elle doit tirer de la première main l’induſtrie étrangère, que des circuits inutiles lui ont fait payer juſqu’ici trop cher. Alors, elle pourra former des projets vaſtes, ſe livrer à de grandes entrepriſes, s’élever au rang où ſes avantages ſemblent l’appeler, & approcher des provinces qui l’ont trop long-tems