Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/76

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Celui qui doit guider les autres dans le chemin de la victoire, ne manque jamais de les haranguer. « Camarades, dit-il, les os de nos frères ſont encore découverts. Ils crient contre nous ; il faut les ſatiſfaire. Jeuneſſe, aux armes ; rempliſſez vos carquois ; peignez-vous de couleurs funèbres qui portent la terreur. Que les bois retentiſſent de nos chants de guerre. Déſennuyons nos morts par les cris de la vengeance. Allons nous baigner dans le ſang ennemi, faire des priſonniers, & combattre tant que l’eau coulera dans les rivières, que l’herbe croîtra dans nos champs, que le ſoleil & la lune reſteront fixés au firmament ».

À ces mots, les braves qui brillent de courir les haſards de la guerre, vont trouver le chef, & lui diſent : Je veux riſquer avec toi. Je le veux bien, répond-il ; nous riſquerons enſemble. Mais comme on n’a ſollicité perſonne, de peur qu’un faux point d’honneur ne fit marcher des lâches, il faut ſubir bien des épreuves avant d’être reçu ſoldat. Si le jeune homme qui n’a pas encore vu l’ennemi témoignoit la moindre impa-