Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v8.djvu/79

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opérations. Elle marche ſans étendards, Tous les guerriers, preſque nus pour être plus agiles au combat, ſe barbouillent le corps avec du charbon, pour paroître plus terribles ; ou avec de la terre, pour ſe cacher de loin & mieux ſurprendre l’ennemi. Malgré leur intrépidité naturelle ; malgré leur averſion pour le déguiſement, les guerres qu’ils ſe font ſe tournent en ruſes. Cet art de ruſer, commun à toutes les nations, ſoit ſauvages, ſoit policées, quoiqu’il ſemble contraire à la bravoure, au préjugé de l’honneur ; cet art eſt devenu néceſſaire aux petites nations du Canada. Elles ſe ſeroient toutes abſolument détruites, ſi, loin de n’aimer la victoire que teinte du ſang des vainqueurs, on n’eût mis la gloire des chefs à ramener tous leurs compagnons. L’honneur eſt donc d’accabler l’ennemi ſans qu’il s’y attende. Une fineſſe de ſens, que tout cultive & rien n’émouſſe, apprend à ces peuples à diſcerner les lieux par où l’on a paſſé. Par la vue ou l’odorat, ils découvrent, dit-on, des vertiges ſur l’herbe la plus courte, ſur la terre sèche & dure, ſur la pierre même ; ils voient, à la manière dont ces traces ſont imprimées,