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ET LA RELIGION DU DANDYSME

cendus des cathédrales, peupleront les demeures, mettront partout l’obsession du Péché et des châtiments éternels. Les romans à la mode, influencés de Walter Scott, sont pleins des fastes de la chevalerie et des croisades, mais aussi de superstitieuses terreurs. Anne Radcliffe accrédite les histoires de revenants et de fantômes. Les prédicateurs reviennent aux anciennes méthodes. Ils n’essayent plus de convaincre. Ils brandissent la menace, jettent l’épouvante sur l’auditoire en évoquant les supplices trafiques et le brasier rouge de l’Enfer. De là, un catholicisme particulier, intolérant et outré, celui d’un Louis Veuillot, que Léon Bloy s’efforce de continuer de nos jours. De là, cette génération d’inquisiteurs laïques, d’excommunicateurs profanes, qui mettront dans la seule violence la supériorité de leurs arguments et qui semblent n’avoir embrassé la cause de Dieu que pour disposer de la foudre et de l’anathème et jeter de plus haut le mépris sur leurs contemporains. D’autres s’enfonceront dans leurs convictions religieuses, heureux d’y savourer le piment du blasphème et du remords. Ainsi fera Barbey d’Aurevilly et ainsi fait Charles Baudelaire. Il y paraît assez par le Reniement de Saint Pierre et les Litanies de Satan. Premier travers, bien vite accentué par ce goût d’excentricités qu’il prendra plus tard à fréquenter