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Page:Raynaud - Baudelaire et la Religion du dandysme, 1918.djvu/32

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CHARLES BAUDELAIRE

les bousingots de l’impasse du Doyenné et les jeunes France de l’Hôtel Pimodan.

Baudelaire atteignit l’âge d’homme sous Louis-Philippe. Changement brusque. Ce qui manque le plus au régime, c’est le prestige. L’étranger se gausse de cette royauté insurrectionnelle née sur les barricades. Le titre même sous lequel l’histoire l’enregistre, Monarchie de Juillet, sent le médiocre et le provisoire. Ce seul nom de Philippe-égalité est une ironie. Ce titre de Roi-citoyen a l’air d’une gageure. Ce monarque en pantoufles est pourtant bien l’image de la société d’alors. Nous traversons une phase de vulgarité, écrit Baudelaire. C’est l’époque de la bonhomie et de la bonne franquette. Une poire, un parapluie en sont les armes parlantes. L’utilité et le profit, voilà ce qui règle les aspirations de la majorité. L’idéal du jour tient tout entier dans le mot de Guizot : « Enrichissez-vous ! » dans celui de Saint-Marc de Girardin : « Soyons médiocres ! » Et tout le monde y tâche.

Népomucène Lemercier est mort. Hugo est contesté. Le poète en faveur, c’est maintenant Casimir Delavigne.

Tandis que le roi lésine et que la cour s’embourgeoise, le tiers-état thésaurise et s’encanaille le dimanche, à la barrière. Son incurable bonne humeur éclate dans la danse à la mode : le cancan.