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Enfin je découvre l’estrade où je dois subir mon châtiment. La tourière me fait monter à genoux les cinq degrés où je vois les instruments de mon supplice : la pelle à bois, le martinet de cuir, un balai d’épines et d’orties. Toujours agenouillée, j’écoute une longue remontrance de la mère supérieure qui, par-dessus ses lunettes, me coule un mauvais regard, jouissant beaucoup de l’émotion que je laisse paraître, mais ce ne sont pas ses paroles que j’écoute. Je ne vois que la pelle à bois, le martinet et le balai d’orties. Il semble que mon derrière les sent déjà sur sa peau. On me les donne à baiser ou plutôt on me passe le manche des verges et du martinet sous les lèvres ; puis, c’est la main de la sœur correctrice que je dois baiser. Cette fois je me révolte et je crache contre elle. J’entends une grande rumeur dans la cour, puis une voix à mon oreille qui dit : « Demandez pardon tout de suite. » Je dis : « Pardon », sans trop savoir ce que je fais. Mais cela n’a pas apaisé la sœur correctrice qui me dit à l’oreille : « Je vais bien te soigner, je te le promets. »

Mes jambes tremblent et je peux à