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peine me soutenir, mais on m’en épargne la peine. Deux sœurs m’ont courbée contre l’estrade ; mes jambes, mes mains, sont attachées aussitôt, j’ai le haut du corps très incliné, je ne m’appuie sur l’estrade que par les coudes et le haut de la poitrine. Mon derrière est rejeté en arrière, maintenu par une tringle qui me passe sous le ventre. La position est si incommode que c’est presque une torture. Pour l’accroître encore, voici que la mère supérieure me fait attacher mes cheveux à la ceinture, ce qui me force à relever la tête. Je vois toutes les élèves qui passent devant moi, me regardant ; quelques-unes font des grimaces. Je veux répondre, mais déjà les premiers coups de la pelle à bois tombent sur mon derrière, m’arrachant un horrible hurlement. Vainement je veux retenir mes cris, ils jaillissent malgré moi, à chaque coup qui vient me surprendre à une place inattendue. Il me semble que toute ma peau se soulève, éclate sous la plaque trouée ; mais le martinet a remplacé la pelle. Les cinglades me courbent, m’anéantissent. Toute mon âme, tout mon être sont dans mes pauvres fesses, et je ne