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manger, bien que le souper dût avoir lieu dans une heure, je ne pouvais attendre, j’étais impatiente de manger. Ma tante s’y est opposée, mais je sais où elle met ses confitures de fraises, qu’elle sucre avec autant de science que la meilleure des pâtissières. Je lui ai volé un pot de ces excellentes confitures et j’ai fait la gourmande et la goulue jusqu’au souper. Comme devant ma tante je mangeais très peu et qu’elle s’en étonnait :

— Ma faim est passée, madame, lui ai-je répondu.

Mais après le dîner j’eus besoin de délacer mon corset, de dégrafer ma robe et de me jeter sur mon lit, en léchant, comme ma chatte, mes lèvres encore sucrées et parfumées. J’étais punie de ma gourmandise.

Moulin-Galant, 28 mai.

Nous sommes allées à la campagne, ma tante, notre jeune cuisinière Manon et moi. Ma tante alla faire visite à monsieur