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le curé, et, pendant ce temps-là, Manon et moi, nous fûmes à la promenade.

Je n’ai pu voir ces belles prairies couvertes d’une herbe haute et toutes ombragées du soleil par de grands chênes, sans avoir l’idée de m’étendre tout de mon long par terre :

— Mademoiselle ! mademoiselle ! m’a crié Manon, quand elle me vit m’élancer dans l’herbe. Que va dire votre tante ? Vous allez salir votre belle robe blanche. Votre tante est capable de vous battre.

— On ne bat pas une fille de mon âge, Manon, répondis-je avec fierté.

Et pour prouver que je n’avais pas peur de ma tante, je me jetai d’abord à plat ventre dans l’herbe fraîche et m’y roulai avec délices. Dans cette couche encore plus voluptueuse qu’un lit, flairant l’odeur exquise du foin, je glissai un doigt entre mes cuisses et me pâmai de plaisir.

Quand je rentrai j’avais très grand-soif et je cherchai Manon pour lui demander à boire ; elle n’était pas à la cuisine, ni dans l’office. J’eus l’idée d’aller moi-même dans ma cave. Qu’est-ce que je vois ? Dans la pénombre, couchée sur une barri-